Trafik aux silos
exposition présentée aux silos du 13 mars au 21 avril 2007
les silos – maison du livre et de l’affiche,
inauguration : mardi 13 mars à 18h30
conférence : mercredi 14 mars à 18h30 à l’IUFM – rue du 14 Juillet
Contacts presse : Arnaud Fourrier
Direction du graphisme - les silos
7/9 avenue foch
52 000 Chaumont – France
t. 00 33 (0)3 25 03 86 82 - f. 00 33 (0)3 25 03 86 98
email : direction.graphisme@ville-chaumont.fr
Trafik, l’exposition
Avec Trafik, la direction du graphisme inaugure, aux silos, un nouveau cycle dédié au design
graphique multimédia. Trafik est un collectif fondé en 1997 à Lyon. L’atelier réunit 5 jeunes
hommes, 4 graphistes dont un spécialiste de la typographie et un développeur informatique,
et travaille sans distinction pour la commande institutionnelle, commerciale et culturelle.
Trafik intervient tout d’abord dans le champ « classique » de la commande graphique et
réalise, pour de nombreux clients, des productions éditoriales, signalétiques, etc. Les
productions imprimées seront pour la plupart montrées dans l’exposition présentée aux silos.
Trafik intervient dans un autre champ d’expression du graphisme, le « design » décoratif :
pour Louis Vuitton à New York, pour les défilés de mode de Marithé + François Girbaud, pour
Domestic Vinyl, etc. Aux silos toujours, une tapisserie numérique, et donc évolutive, sera
réalisée et alimentée par les travaux que les étudiants de la Licence professionnelle
«graphisme et édition» et des BTS Communication Visuelle du Lycée Charles de Gaulle auront
réalisé dans le cadre d’un workshop conduit par les membres du collectif.
Trafik développe enfin une série d’expérimentations et d’expériences artistiques, qui pour la
plupart sont conçues sur un mode participatif et donc avec la collaboration du public. Le
projet SUPERSTARS est de ceux-là : le dispositif invite les personnes qui le désirent à se faire
photographier pour obtenir, dans l’exposition, la diffusion de leur image, transformée car
recomposée avec des étoiles. Ainsi, pour permettre la réalisation de ce projet, pendant un
mois, la direction du graphisme a récolté des portraits dans tout Chaumont, portraits qui
seront diffusés tout au long de l’exposition. Ceux qui le désirent pourront encore se faire
photographier dans l’exposition et ainsi, à leur tour, devenir une « superstar ».
Trafik, le collectif
Texte d’introduction de l’ouvrage Collekto, Editions Pyramyd, Paris 2005
Le collectif Trafik se forme en 1997, en pleine révolution numérique. Composé de quatre
garçons (dont trois amis d’enfance), il réunit autant de compétences : Pierre Rodière et
Julien Sappa sont graphistes ; Damien Gautier, typographe ; Joël Rodière, développeur
informatique. Trafik ne limite pas son intervention à un support unique ni à la seule
commande institutionnelle, et développe une activité importante dans les domaines de
l’identité, de l’édition et du multimédia. À l’instar de bien des créateurs de sa génération
(artistes, designers, architectes), Trafik ignore les cloisonnements entre les disciplines, mélange
sans complexe les influences, convoque au sein d’un même projet culture populaire et
culture savante, invitant l’usager à agir et réagir à ses propositions initiales. Trafik adopte une
posture résolument contemporaine.
De cette “révolution numérique”, Trafik s’imprègne d’abord des codes : convivialité,
collectivité, échange et transmission. Le collectif se positionne également, sans distinction,
sur deux champs d’activité : le cadre conventionnel de la commande et l’expérimentation
artistique. L’un se nourrit de l’autre, l’un nourrit l’autre, et si une grande part de la production
du collectif relève de la pratique du multimédia, Trafik affirme pourtant sa singularité par sa
capacité à proposer de nouvelles modalités de réception.
Qualifiée de “participative”, au sens où elle réclame et nécessite l’intervention du public, la
démarche du collectif lyonnais s’inscrit à l’opposé du modèle dominant, “je conçois, tu
reçois”. Ainsi, dans la traditionnelle relation “client”/graphiste qui régit chaque commande,
Trafik introduit-il un troisième protagoniste : l’usager à qui est destiné le fruit de la
collaboration des deux premiers acteurs. Si elle intègre autant la dimension ludique, il n’est
pas innocent que l’ “interactivité” trouve ses sources dans le spectacle vivant. Nietzsche le
rappelle dans “La Naissance de la tragédie”, le théâtre de l’Antiquité sollicitait déjà la
participation du public. Un modèle qui ne renaîtra qu’à la première moitié du XXe siècle et
qui ne trouvera ancrage dans les arts visuels que bien plus tard.
La position de Trafik affiche d’ailleurs une certaine proximité avec celle du metteur en
scène : le collectif écrit le scénario, distribue les rôles, guide les acteurs, il crée le lien entre les
différentes parties engagées dans un même projet. En 2000, l’ouverture de leur site Internet,
lavitrinedetrafik.com leur offre un premier terrain d’expérimentation. Via la Galerie, le
collectif propose aux utilisateurs de dessiner différentes figures à l’aide d’une série de
polygones et d’une palette de couleurs mises à leur disposition : environ 600 visiteurs s’y
essaieront. Fort de ce premier succès, Trafik réitère l’expérience avec la Signotek : le collectif
invite les visiteurs à créer, à l’aide de pastilles qu’il allume ou qu’il éteint par un simple clic de
la souris, une police de caractères collective, libre de droits et désormais accessible à tous.
De projet en projet, les matériaux premiers offerts au visiteur s’étoffent et ouvrent le champ
des possibilités : intégration du son, formes que l’on peut modeler librement, coloris divers et
capacité à créer le mouvement et même à doter les personnages inventés d’un caractère
(Pivizz). En aménageant un espace de création sur le site Internet du Cube, dont il a assuré la
conception graphique, Trafik se pose en producteur d’événements et introduit, dans le
même temps, une nouvelle approche de la figure de l’auteur. Walter Benjamin, au début du
XXe siècle, démontrait que le développement de la photographie et du cinéma avait
provoqué la perte de l’unicité, et par là même de “l’aura” de l’œuvre d’art. L’introduction
des technologies numériques dans les arts visuels aura, elle, contribué à anéantir la figure du
créateur solitaire, du génie tout-puissant. Désormais, l’œuvre peut aussi s’envisager comme
communautaire et anonyme.
La démarche de Trafik relève également d’un principe écologique : chaque projet fait
l’objet d’un recyclage, d’une transformation. Les différentes contributions apportées à la
Signotek génèrent ainsi un nouveau principe “actif” au sein de projets conçus pour Agnès b.
(b.dule permet aux enfants de créer le modèle qui ornera leur tee-shirt favori) ou encore
pour la collection Vynil de Habitat. Celle-ci permet de composer sa propre décoration
murale à l’aide d’un sachet de pastilles et d’un cédérom. Trafik opère un subtil glissement en
transformant le consommateur en créateur potentiel. Mis à contribution, l’ “usager”, que l’on
préférerait appeler “l’invité” dans le cas des projets en réseau, contribue ainsi pleinement à
la constitution d’une collection d’images, d’objets créés, classifiés puis conservés sur des sites
Internet dédiés. Un procédé qui confère à Trafik le rôle de conservateur d’un musée virtuel
dont les œuvres sont parfois présentées à l’occasion d’expositions, mises en ligne pour en
permettre la libre découverte.
Christelle Kirchstetter
Directrice du graphisme, Ville de Chaumont
Texte d’introduction de l’ouvrage Collekto, Editions Pyramyd, Paris 2005
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